Brumes, et l'oiseau minuscule de l'espoir qui remue et s'ébouriffe en cet après-midi de l'avant prientemps.
Voici l'odyssée n'est point à son terme, le limon n'engloutit pas nos destinées tremblantes.
"Deep river", fleuve profond de la grâce, tu soulèves nos corps consentants. Ah, puissions-nous longtemps poursuivre le voyage.
Sur les rives et selon la saison, les arbres donnent du fruit.
Tu nous portes vers la cité précieuse, chemin de Dieu en marche par le monde.
Sans savoir comment, en cette petite heure du crépuscule, clarté laiteuse et sombre, la grâce de Dieu germe au cœur de l'Eglise.
Bientôt plus rien, sinon les derniers bruits d'ailes.
Sinon la nuit, éternelle prémisse du jour.
Les vieux sortilèges n'exercent plus sur nous leur fluide maléfique, l'aveu nous a libérés de la honte secrète.
Qu'importent désormais les relents des souvenirs, eux-mêmes transfigurés par la présence de lumière.
N'étaient-ce pas les amorces de Dieu, ses pièges, pour nous conduire là où nous refusions, rétifs d'aborder.
Là où nous attendait son amitié de Prince.
© Pierre Etienne / l'avant saison / les presses de Taizé 1960 ... p.35
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