en arrière plan une Huile sur toile (46 x 55 cm) de Jacques TRUPHEMUS (1922-2017). "Les lauriers de Cauvolat, circa 2015".

mardi 6 février 2024

FLEUVE AMER

 
Tant de boue arrachée à la berge
Afin d'amollir le fond des eaux
Tant de noyés que le fleuve agrège
            Au lit de son cours.
 
Ce n'est pas la mort que tu désires
Mais la vie par-delà la mort.
Tu hésites à offrir ton visage
            Au miroir sans tain.
 
Tu sais qu'un dieu règne sur le fleuve
Sa demeure est au tréfonds des eaux.
            Il monte parfois
Secouer de ses épaules nues
La surface irisée de mazout.
 
Mais ce n'est pas lui que tu appelles,
Que tu voudrais fuir au même instant.
C'est le maïtre auquel les esprits
Sont soumis : les vivants et les morts.
 
Tu avais cru aux métamorphoses
Réalisées en un tounemain,
Tu pensais mourir aux apparences
            En un seul éclair.
 
Il te fallait un autre chemin
Plus long sur les sentiers de halage,
Chaque jour déplier des ténèbres
            L'éventail glacé.
 
Tu étais parti robuste et fort,
À l'arrivée tu seras au autre.
Le vieillard ne connaît de retour
            Mais la seule attente.



© Pierre Etienne / les sentiers du monde / les presses de Taizé 1972 ... p.24 et 25
 
 
 
 
 

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