Hier je traversais les portes
Les murailles des prisons
La surface de l'étang
Et le tronc des gros vieux chênes
Pour repartir en tenant
Des secrets dont certains peut-être
N'étaient pas trop déformés
Par les cahots du voyage.
Quelquefois je revenais
En desserrant des mains vides,
Le souvenir restait gravé
Intact au fond de mes paumes.
Aujourd'hui portes et murs
L'eau et le feu, les rocs, les plantes
Me sont celés tels des mystères.
Le chiffre est à jamais perdu
De la splendeur cachée des choses.
Mais je garde encor la mémoire
D'un monde alors manifesté
Ouvert à mon vagabondage
A la gratuité de ma quête.
Ai-je vraiment perdu les clés
De ce jardin pour moi fermé
Ou bien me les aurait-on prises.
Quel démon de façon furtive
M'aurait ainsi dévalisé ?
Parfois je crois voir apparaître
Une ombre une lueur
En arrière des éléments
Inertes ou vivants de la planète -
(ainsi d'un corail sous les eaux
la silhouette déformée).
Est-ce réel ? illusion ?
Le dialogue à visage ouvert
Etait-ce propre à une enfance
Polongée jusqu'à l'âge mûr
Mais qui devait s'évanouir
Tôt ou tard au cours de la vie ?
J'interroge et dans le silence
Parfois je crois entendre un bruit.
Dans la nuit ce qui me reste
C'est une sorte d'écho.
Ainsi, à force d'insistance
La nature comme à regret
Me répond, émet un signe
Puis reprend son profond sommeil
Poursuivant ses desseins, ses rêves
Loin des regards de l'importun.
© Pierre Etienne / les sentiers du monde / les presses de Taizé 1972 ... p.15
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