I
Ne pas forcer la voix. Tu avais cru - l'époque était tumultueuse - qu'il convenait d'élever le ton.
Insecte chétif, tu en étais bien incapable.
Mieux valait laisser se rétablir le silence et se remettre alors à chanter, comme un grillon après le passage du troupeau.
II
Remonter le fil du langage - non pour je ne sais quelle découverte sémantique ni pour dérober le secret de Dieu - mais afin de retrouver ta propre semence, et fructifier.
III
De l'air humide (mousse, écume) surgissaient des oiseaux qui grossissaient à vue d'œil et tournoyaient en poussant des cris acides.
Bientôt tout se diluait.
Ainsi nos chansons fragiles.
IV
Les mots découvraient les branchies des poumons, les contractions du cœur , le frémissement des muscles.
Les mots ont la nostalgie du corps.
V
Le poète s'étonne d'entendre un son impossible à localiser. Tout ce qui parle tout seul en lui et sans lui.
© Pierre Etienne / mémoire du silence / les presses de Taizé 1977 ... p. 68 à 70
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