en arrière plan une Huile sur toile (46 x 55 cm) de Jacques TRUPHEMUS (1922-2017). "Les lauriers de Cauvolat, circa 2015".

mardi 2 juillet 2024

ODE D'AUTOMNE

 
I
 
Les tapissiers d'Aubusson   jamais
n'ont réussi sur leurs métiers
ce frémissement de nuances
ni les tisserands d'Ispahan
la douceur et l'accord des couleurs
eux lavant maintes fois leur ouvrage
afin de ne point blesser les regards
 
 
II
 
Juste un paravent de peupliers
et la bourgade apparaît   mêlant
flèches d'églises   toits et façades
dans l'eau couleur de limon   de rouille
La flotille de feuilles indique
la beauté de partir   les couleurs
là   pour atténuer le reret
 
 
III
 
La traversée de la nuit s'allonge
au fur et à mesure des ans
telle dans un train sans couchettes
l'insomnie du voyageur   blotti
sur la banquette   Heureux plus tard
(révélée l'ingénuité de l'aube)
d'avoir veillé dirant le voyage
 
 
IV
 
Les troupeaux s'abreuvant à la Saône
seraient-ils les derniers à descendre
le long du talus vers les eaux du fleuve
ainsi que l'on voit aux tableaux flamands
L'eau vive un jour coulera-t-elle
entre des rives de béton   Bientôt
plus de hérons   martins-pêcheurs   cygnes
 
 
V
 
Ciels transfigurés par la lumière
qui s'incline dans les lointains
Bleu céladon de l'époque des Song
avec ici et là des craquelures
linéaments de futurs nuages
mais pour l'instant   trêve dans le ciel
et dans le cœur des passants sur la terre
 
 
 
© Pierre Etienne / ciels sans nombre / les presses de Taizé 1981 ... p. 10 et 11
 
 
 
 
 

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