I
Les tapissiers d'Aubusson jamais
n'ont réussi sur leurs métiers
ce frémissement de nuances
ni les tisserands d'Ispahan
la douceur et l'accord des couleurs
eux lavant maintes fois leur ouvrage
afin de ne point blesser les regards
II
Juste un paravent de peupliers
et la bourgade apparaît mêlant
flèches d'églises toits et façades
dans l'eau couleur de limon de rouille
La flotille de feuilles indique
la beauté de partir les couleurs
là pour atténuer le reret
III
La traversée de la nuit s'allonge
au fur et à mesure des ans
telle dans un train sans couchettes
l'insomnie du voyageur blotti
sur la banquette Heureux plus tard
(révélée l'ingénuité de l'aube)
d'avoir veillé dirant le voyage
IV
Les troupeaux s'abreuvant à la Saône
seraient-ils les derniers à descendre
le long du talus vers les eaux du fleuve
ainsi que l'on voit aux tableaux flamands
L'eau vive un jour coulera-t-elle
entre des rives de béton Bientôt
plus de hérons martins-pêcheurs cygnes
V
Ciels transfigurés par la lumière
qui s'incline dans les lointains
Bleu céladon de l'époque des Song
avec ici et là des craquelures
linéaments de futurs nuages
mais pour l'instant trêve dans le ciel
et dans le cœur des passants sur la terre
© Pierre Etienne / ciels sans nombre / les presses de Taizé 1981 ... p. 10 et 11
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