I
Des cris d'enfants déchirent la brume
et montent vers nous dans le soleil
Jamais plus leur voix n'aura cet éclat
tranchant de silex tout frais
Déchirure cri irradiation
Que faut-il le plus admirer
l'obstination de la brume ou celle du soleil
II
La fourmilière au pied de l'arbre
fait songer à l'agitation des villes
indifférente au temps qu'il fait
Pourquoi ne jamais s'arrêter
jouir du soleil d'aujourd'hui
La fourmi a bien trop de soucis
jusqu'à la fin charrier sa brindille
III
À l'instant où les feuillages
et les divers tons de rouille et d'or vieilli
peaufinent la perfection de leurs accords
l'ouvrage commence à se défaire
Tirés les rideaux
la nuit détruit la splendeur du jour
ne la restitue qu'amoindrie au matin
IV
Les anges de la brume entre les arbres
se retrouvent avec des mots aimables
Leur mission quasi météo
occuper en douceur la contrée
à la limite d'un micro-climat
Eux-mêmes dans l'incertitude
d'une heure à l'autre peuvent disparaître
V
Plus loin au sud au nord au couchant
la brume salée estompe les récifs
rehaussés de feux de balises
Ici repères encor moins évidents
les buissons couleur d'algues brunes
fichés dans des rocs-madrépores
imposent une avance à l'estime
© Pierre Etienne / ciels sans nombre / les presses de Taizé 1981 ... p.12 à14
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