I
L'œil du soir va se fermer
l'hiver et les soies rêches du ciel
dépose les reflets d'une eau laiteuse
sur les buis aux rousseurs de cuivre
on entend déjà leur cliquetis
dans le vent guerrier Don Quichotte
à l'instar de nos songes
II
Radiographie d'un arbre effeuillé
trachée bronches et bronchioles
tels qu'à l'école du village
l'on accrochait des tableaux
abstraits d'histoire naturelle
Lui passera encor bien des printemps
pour la délectation des oiseaux
III
Tout l'arc-en-ciel en élevant du sol
le regard (la lumière en bas)
jusqu'au bleu quasi violet du zénith
dans une suspension de fraîcheur
Tout pour aiguiser le désir
d'aller voir au-delà du prisme
mais la vigueur du sang retient à la terre
IV
L'heure où il importe de dire
cela que l'autre sait déjà
(serait-il loin fier de son silence)
mais où il faut offrir des mots
autres que fumées au seuil des bois
textes de bandes dessinées
bulles prêtes à éclater
V
Encor le fleuve il basse des secrets
sans lassitude sans crainte
de la divulgation il sait
seul l'appelé reçoit le message
Pour qui redoute l'heure trop longue
il semble un instant s'arrêter
colporteur toujours en voyage
© Pierre Etienne / ciels sans nombre / les presses de Taizé 1981 ... p.16 et 17
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