en arrière plan une Huile sur toile (46 x 55 cm) de Jacques TRUPHEMUS (1922-2017). "Les lauriers de Cauvolat, circa 2015".

dimanche 14 janvier 2024

Bourbier

 
    COMME DES BALAYURES(*) - ou comme de la boue - c'est ainsi que le traducteur exprime pudiquement les réflexions et l'estime de saint Paul à l'égard de sa vie ancienne. 
    Au terme d'un long voyage, j'ai fini par échouer dans cette ville, à l'extrémité de la bourgade, à deux pas d'une large avenue de terre, de bosses et de trous, qui vient buter sur un ravin dénommé : Oued Merdah.
    À l'heure méridienne, traversant la piste indécise au milieu d'un embrasement de tessons de bouteilles, des femmes africaines avancent avec dignité. 
    Elles pincent délicatement leurs narines tandis qu'un enfant au crâne rasé somnole attaché par un foulard d'indienne, à leur dos où perle une fine sueur.
    À la saison des pluies les hommes, les canards et les chiens pataugent dans la boue à l'odeur forte, comme s'ils retournaient avant le temps au limon primordial.
    Seuls les oiseaux échappent à la fange. Encore faut-il qu'ils y tombent, le plumage terni, lorsque le souffle leur est retiré.

    Qui pourrait nous délivrer du bourbier, sinon le soleil et ses rayons. À sa chaleur - alors la plainte monte à nouveau de nos cœurs et du sol calciné - rien ne résiste.
 
 
  (*) cf. Epitre aux Philippiens, chapitre 3, verset 8.
 
 
© Pierre Etienne / lente remontée depuis les rivages / les presses de Taizé 1969 ... p. 43 à 44
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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