en arrière plan une Huile sur toile (46 x 55 cm) de Jacques TRUPHEMUS (1922-2017). "Les lauriers de Cauvolat, circa 2015".

lundi 15 janvier 2024

Jura

 
    LA MER était très loin en arrière, je ne l'oublierai pas, mais les hautes strates jurassiques en avaient perdu la mémoire ainsi que le l'effondrement en forme de berceau où s'installait un troupeau de jeunes sapins.

    Il y avait là-bas à Manaos sur les rives de l'Amazone une petite brésiliene de seize ans très maigre avec des salières aux épaules et qui écrivait des poèmes en français. Il fallait bien quelqu'un pour envoûter le fleuve et pous éviter que les caïmans ne s'amusent à déchifrer le linge que les femmes indiennes lavaient agenouillées sur la berge.
 
    Et les hommes redécouvraient la grande peur cosmique des origines, ils ne levaient plus la tête vers le ciel mais comme le timonier consultant l'écran du rada ils suivaient dans la cornue dse leur téléviseur la démarche en ellipse de petits projectiles parmi des astres plus anciens de queques millions d'années lumière.
 
    Les enfants joueaient dans l'ancien cloître en compagnie d'un jeune chien jaune qui s'enfuyait une ficelle autour du cou et leurs cris rebondissaient sur les plaques de pierres bosselées recouvrant les bâtiments monastiques. Le soleil s'enroulait comme un drapeau autour du clocher-stalagmite et les couleurs di soir descendaient une à une les marches de l'église.
 
    Ce n'était pas un songe, si je voulais raconter des songes quel intérêt aurais-je à vous en soutenir la réalité car, je le sais maintenant, ce n'est pas durant leurs rêves nocturnes que les humains reçoivent les prémonitions les plus sûres.
 
 
© Pierre Etienne / lente remontée depuis les rivages / les presses de Taizé 1969 ... p. 43 à 44
 
 
 
 
 

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