en arrière plan une Huile sur toile (46 x 55 cm) de Jacques TRUPHEMUS (1922-2017). "Les lauriers de Cauvolat, circa 2015".

mardi 23 janvier 2024

Sur le psaume 95

 
Quarante ans cette race m'a dégouté.
Ainsi parle ton Psaume et sur moi je songe.
J'ai pris les longs détours au bord des calanques,
La splendeur de l'été incendiait mes yeux,
Tout le jour j'épiais l'émotion de l'eau,
La gloire du ciel reposait sur la mer.
 
Pourquoi soudain, sans parole ni présage,
De l'horizon entier l'obscurcissement.
Lequel de nous deux vient de rompre le pacte.
Tes prêtres m'avaient dit : en Lui seul la joie,
La terre émergée fut pétrie de ses mains ;
L'abîme des mers encor est son domaine.
 
Désormais l'ennemi efface le signe
Inscrit sur tout arbre et sur chaque caillou.
La voix des familiers s'élève voilée,
Le saint du vitrail n'a plus son auréole,
Le souvenir des jours écoulés si clairs,
S'envole en criant à l'instar des oiseaux.
 
Tel un ami tenant l'ami à distance
Tu disparais du monde autrefois aimé
Et chaque chose en son absence s'est tue.
Est-ce pour ce jeu cruel : que je te cherche,
Ce voile dessus ta face et ma ténèbre,
Lumière immuable illuminant la terre. 


 
 
© Pierre Etienne / lente remontée depuis les rivages / les presses de Taizé 1969 ... p. 68 à 69
 
 
 
 
 

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