I
Nous ne rentrerons pas pour dormir mais pour descendre au monde nocturne et retrouver les canaux glauques. Il sera si bon de glisser, entraînés par le flot, jusqu'à l'étang boueux.
Tel le tuyau d'un scaphandre, le cordon des nénuphars nous reliera à l'air libre. Nous y retournerons, imbibés de l'onction des abîmes, fils du limon enfants du rêve.
II
Ou bien ce seront les forêts, les sentiers au long desquels nous allons découvrir des merveilles : fruits, fleurs, animaux, étranges et bienveillants personnages. Où nous goûterons aussi l'insidieuse terreur d'être perdus à tout jamais dans des fourrés inextricables, immergés parmi les tailli, errants sous les futaies sans nul point de repère. Mais surmontant nos craintes, animés d'un irrésistible désir, nous nous élancerons à la poursuite de biches de très grand parcours - sachant si bien brouiller leurs pistes.
III
Peut-être un ange nous guidera-t-il à travers une ville inconnue au bord d'un fleuve. D'abord nous serons en banlieue, traversant des quartiers ouvriers dans la pénombre d'un matin d'hiver. Nous approcherons du centre illuminé sans savoir où l'ange nous conduit ni s'il connaît lui-même le but du voyage.
© Pierre Etienne / les amis essentiels / les presses de Taizé 1974 ... p.34 à 36
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